jeudi 26 juin 2014

Cyclades (5) : Sérifos

       
Le chant des vagues

Louée soit la simple table de bois clair
le vin fauve dans sa robe maculée par le soleil
les jeux lumineux de la mer au plafond
dans un coin l'olivier toujours en faction

Les terrasses et les vagues la main dans la main

un pied nu qui contracte sagesse dans le sable
une cigale qui a pris l'ascendant sur mille autres
la conscience omnilucide comme un jour d'été

Les îles de minium et de noir fumée

les îles où dort la vertèbre d'un nommé Zeus
les îles et leurs arsenaux aux darses vides
les îles et leurs volcans citernes d'azur potable


Celles dans le Meltem virant le foc bordé contre
celle dans le Garbis cinglant si vivement grand largue
que l'écume en blanchit toute la flottaison
frangée de galets violet-bleu et d'héliotropes

Sifnos, Amorgos, Alonissos
et Thasos, et Milos, et Folégandros
Ios, Kythnos, et Sikinos
Délos, Mykonos et Sérifos

Louée soit sur le belvédère de pierre
dominant la mer Myrthô droite dans la lumière
comme un splendide huit ou comme une amphore
avec dans une main la paillis de l'aurore

Midi poreux ascendant immaculé
un duveteux plumetis de sommeil qui monte
le reflet d'or éteint parmi les lourds piliers
et le cheval écarlate et nerveux qui s'échappe

De la souche de l'arbre de l'ancien temps Héra
le bois-laurier pour l'éternité mangeur de clarté
une maison telle qu'une ancre au fond de l"abîme
la Dame-Pénélope et sa quenouille d'hysope

De l'autre bord du rivage aux oiseaux le bosphore
un cédrat au bout aigu d'où le ciel s'est répandu
l'oreille d'azur verdi plongée dans la mer à demi
longue ombre sonore de nymphées et sycomores

Odysseus Elytis Les laudes, in Axion Esti

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